L'historique de certains plats
Flacatoune
La plus populaire de toutes les boissons anciennes était « la bagosse ». Les années de la prohibition aux Etats-Unis ont stimulé la production et la distribution de cette eau-de-la-vie illégale. Les paysans mettaient leurs pommes de terre dans une barrique, fermentaient, passaient à l’alambic et voilà, sa douzaine de litres de « bagosse ». Aromatisée d’un vin sucré genre Porto, embouteillée dans un ¨flacon¨ probablement par les femmes, elle devient la base de « La Flacatoune ».
Ployes et cretons
Un mets pour les pauvres; comment calmer les appétits des hommes qui rentraient des champs affamés ? – C’était l’heure de LA PLOYE!
Cette crêpe de farine de blé et de sarrasin dont le nom plutôt bizarre, dit-on, vient du fait que des ployes « ploguent » vite un estomac (plug, bouchon). Autrefois, on la faisait généralement à partir d’une levure que l’on conservait d’un repas à l’autre. Faite sur le poêle de bois, elle servait surtout comme substitut au pain. Une vraie « ploye » ne doit pas être tournée pendant la cuisson. Mets des pauvres avant de devenir celui des touristes, la « pile de ployes » avait autrefois, la place d’honneur sur la table des familles nombreuses. Accompagnées de cretons frais, de sirop d’érable, de mélasse ou tout simplement de beurre de campagne … quel délice !
Pain de femme et beurre campagne : Quelle autre explication peut-on donner que ce pain maison était fait quotidiennement par la « femme » de la maison et accompagné de beurre campagne dont vous aurez la chance de déguster ce soir.
Fèves au lard
La portion de la rivière St-Jean qui restait à parcourir pour arriver à celle du Madawaska, était la partie la plus avancée et la plus florissante de la rivière. Les terres y sont belles et fertiles, le foin, le grain, les pommes de terre (« la patate ») y viennent en abondance. De là, proviennent nos fameuses fèves au lard, mets communément servi le samedi soir avec la « pile de ployes ».
Fricot
Terre agricole, l’élevage de la volaille était pratique commune. Ce mets, synonyme de repas complet, était composé de pommes de terre et de volaille riche en calories afin de fournir l’énergie aux travailleurs des champs. Lorsqu’on voulait convier des gens à un repas ou à une veillée, on disait : « Vous êtes invités au fricot ».
Six pâtes
Le terme utilisé anciennement était «sea pie». L’origine de ce mets est d’influence québécoise. Dans les premières recettes, on retrouvait du poisson de fond alterné avec des rangées d’oignons et de pâtes. Les brayons ont modifié ce mets en remplaçant le poisson pour de la viande de bois et interprétèrent le nom comme «six pâtes».
Mouchetée et accompagnements
Les principaux poissons pêchés dans la région étaient la truite mouchetée et le saumon. Les indiens étaient les pionniers dans cette pêche quotidienne. Les brayons adoptèrent la cuisson à la farine de sarrasin genre «à la meunière» plutôt qu’à «l’eau salée».
Les légumes du jour étaient le blé d’Inde local et la fougère cueillie près de nos rivières. La mioche était fabriquée sous forme de purée de restant de légumes cuits, soit des carottes, navets et «la patate».
On suppose que les patates à Bernard proviennent d’un bûcheron (peut-être un nommé Bernard) qui composa cette recette de pommes de terre mijotées avec des grillades de lard salé. Ce repas des pauvres assurait la survie des bûcherons l’hiver.
Galettes à la mélasse
Aucun repas de fête n’était complet sans les «galettes à la mélasse». Les galettes à la mélasse que l’on servait à la fin du repas comme douceur, étaient toujours accompagnées d’une bonne bolée de thé. En temps ordinaire, la douceur devenait une tranche de pain avec du lard et de la mélasse.
Pets de soeurs : d’origine de France, connu sous le nom de «pet-de-nonne», ces beignets de pâte à choux, gros comme une noix, cuit dans une friture pas trop chaude, donnait une boulette légère et très gonflée (appelée également le beignet «venteux»). Les brayons, l’on suppose, modifièrent cette recette en utilisant des restants de pâtes à tarte, saupoudrés de cassonade que l’on disait probablement : «était un pet à faire» !